Victor Hugo - Aux frontières de l'exil (extrait)

L’exil, quel étrange paradoxe…
En fuyant ma patrie pour trouver refuge sur cette île,
Qu’avais-je donc encore à perdre que je n’aie déjà perdu ?

Car depuis que tes yeux se sont fermés et que ton sourire s’est éteint,
Me laissant seul à jamais,
Mon enfant chérie, ma Léopoldine,
Je suis déjà mort.

Toi seule le sait, cher Ange,
Sur cette terre d’accueil, moi le proscrit,
Je ne suis prisonnier que de moi-même.

Mon âme endeuillée se languit,
Elle pourrait s’enfuir, errer pour l’éternité,
Mais mon corps qui déambule tristement sur la grève me rappelle à l’ordre.

Il me faut rentrer,
Pour retrouver ceux qui sont encore de ce monde et qui pensent à moi.
Ceux qui font qu’aujourd’hui, malgré tout,
Je suis encore en vie.


Planche 2 (dessin et couleurs Laurent Paturaud)